[PDF]Permaculture: Permaculture One-French
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PERMA
CULTURE
1.
Une agriculture perenne pour Pautosuffisance
et les exploitations de toutes tailles
Bill Mollison & David Holmgren
EDITIONS DEBARD
t .
Les ouvrages concernant l'agriculture biologique
I'gcologie, l'alimentation, la sant6 et la medecine,
publies aux Editions Debard, sont pr6sent6s a la fin
de ce livre.
DROITS
© Bill Mollison 1978. 1981
« Permaculture » est une marque deposee par le Permacul-
ture Institute, Box 96. Stanley. Tasmania 7331 Australie.
©Editions Debard, 1986 (pour la France et les pays
francophones)
ISBN 2-86733-030-0
La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproduc-
tions destinees a une utilisation collective. Toute represen-
tation ou reproduction integrate ou partielle faite par
quelque precede que ce soit sans le consentement de
l'auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue
une contrefacon sanctionnee par les articles 425 et sui-
vants du Code penal.
PERMA
CULTURE
1.
Une agriculture perenne pour Pautosuffisance
et les exploitations de toutes tailles
Bill Mollison & David Holmgren
Preface de Dominique Soltner
Debard
BILL MOLLISSON
Natif de Tasmanie, Bill Mollison travaille suc-
cessivement comme boulanger, marin, chasseur de
requins, ouvrier meunier, trappeur, tractoriste,
souffleur de verre, passe 9ans a l'Inspection des
reserves naturelles de l'Australie puis fait des tra-
vaux d'amenagement pour le Service des pecheries
inte>ieures. En 1968, il devient Directeur d 'etudes a
1 'University de Tasmanie, puis maitre de conferen-
ces de psychologie de l'environnement, et publie
des ouvrages sur les aborigenes de Tasmanie, et sur
les petits vert6br6s de la region. En 1978, il cree la
communaute Tagari a Stanley. Mettant en pratique
les principes de la « permaculture », la Commu-
naute parvient a 1'autosuffisance sur ses 28 hecta-
res de terres marginales.
DAVID HOLMGREN
Etudie les problemes de l'environnement a l'Uni-
versite de Tasmanie, s'interessant particulierement
a I'am^nagement du sol, a l'ecologie et a l'agricul-
ture. II y fait la connaissance de Bill Mollison avec
lequel il travaille au developpement de l'idee
« permaculture ».
ILLUSTRATIONS
La couverture est de Glen Chandler, les illustra-
tions de Moonyean McNeilage, Glen Chandler et
Janet Mollison.
REMERCIEMENTS
Nous remercions la Tagari Community et son
correspondant pour l'Europe Declan Kennedy de
nous avoir confie la publication et la diffusion de
Permaculture 1 et 2 dans les pays de langue
francaise.
Nous tenons aussi a remercier les Editions Ro-
wohlt de nous avoir permis la reproduction de listes
de plantes et de poissons concues pour les prati-
ciens europeens de la permaculture.
Nos remerciements vont enfin a Mateo Maga-
rinos, economiste et forestier, et a Francois Cou-
plan, botaniste, pour leur contribution determi-
nants a une traduction qui prSsentait des diffi-
culty sp6cifiques.
PREFACE
Permaculture ! Le mot peut surprendre tout d'abord. Et puis, a la lecture du livre de Bill
Mollison, l'idee qu'il soit possible de recolter sans semer chaque annee, de proteger le sol sous un
couvert permanent, de mieux associer cultures et boisement, cette idee correspond a tant de reali-
tes observees en France et dans le monde, a tant d'ingenieux procedes de paysans « permaculteurs
sans le savoir », qu'elle parait vraiment applicable sur une plus vaste echelle que celle des premie-
res experiences decrites par l'auteur.
La prairie permanente par exemple ! Douze millions d'hectares en France. Plus du quart de la
superficie totale du pays ! Une association vegetale qui a fait dire a l'agronome Andre Voisin 1
« qu'une meme somme rapporte davantage si on l'applique a V amelioration d'herbages permanents
que si on la consacre au resemis de la prairie ».
Les prairies temporaires de longue duree a base de trefle blanc et de graminees. Un systeme
qui, sous l'impulsion d'Andre Pochon 2 , ce dynamique eleveur breton, est en train de regagner le
terrain conquis par le systeme mais-ray-grass d'ltalie. Une enorme economie d'engrais azotes (done
de petrole) et de tourteaux, tous deux importes en masse a coups de dollars !
Les eleveurs avec leurs prairies seraient-ils deja des « permaculteurs » ?
Les paysages de Bocage. Associer foret et cultures, tel est le principe du bocage : des champs
et des pres entoures de haies dont les trois etages, les trois « strates », sont celles des lisieres de
bois r arbres de l'etage arborescent, arbustes du « manteau », plantes herbacees de « l'ourlet ». Le
tout sur talus double d'un fosse. La haie, double lisiere qui s'allonge sur des kilometres, est, a
l'image des lisieres de bois, un milieu d'une extraordinaire richesse, par sa flore et sa faune. A la
fois brise-vent et reflecteur solaire, regulateur hydraulique et frein a l'erosion, la haie produit du
bois d'eeuvre et de chauffage, des fleurs et des fruits, tout en regularisant les especes animales et
en abritant le gibier.
Bocage et permaculture, une parente que souligne bien le livre de Bill Mollison,
La coltura promiscua d'ltalie centrale. Une autre forme d'association de l'arbre aux cultures
est frequente en pays mediterraneens : l'arbre complante parmi les cultures. Une arboriculture
associant avec une incroyable ingeniosite les oliviers et autres fruitiers, la vigne sur tuteur vivant,
ces erables de Montpellier tailles en gobelet et fournissant en outre un precieux fourrage. Et au
pied de ces etages arbores, de la luzerne, des legumes, des cereales, une garniture de cultures
annuelles irriguees dans une ossature perenne. Tels sont les paysages de Toscane, d'Ombrie ou
d'Emilie, que Ton peut admirer aussi hors des limites italiennes : en vallee du Rhdne, en Catalo-
gne, aux Ba lea res ou en Grece.
Encore la permaculture, culture d'une ossature de plantes perennes, parmi lesquelles, dit Bill
Mollison, « s'insere normalement l'horticulture des plantes annuelles ».
1. Andre Voisin, Dynamique des herbages, Editions La Maison Rustique.
2. Andre Pochon, La prairie permanente a base de trifle blanc, Technipel, 149, rue de Bercy, Paris 12*.
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La permaculture, agriculture basee sur les cultures permanentes, s'appuie sur un ensemble de techniques
tres pratiquees dans le monde. Dans les pays temperes, c'est par exemple la prairie permanente et le bocage
(ci-dessus Charolais). Dans les pays tropicaux, c'est par exemple les systemes agraires des indiens du Michoa-
can (ci-dessous) ou du Chiapas au Mexique. Des lignes anti-erosives d'agaves, des arbres fruitiers et fourra-
gers, des haies et bosquets, des cultures annuelles. Photos Dominique Soltner.
Les paysages de pare africains. Plus que de bocages, e'est de « pares » que Ton parle en Afri-
que : des arbres dissemines parmi les cultures. L' esprit europeen en est choque, mais ce pare est
d'une grande sagesse : 1' extraordinaire Acacia albida, arbre parasol et fertilisant, est au Senegal le
plus utilise en pare A raison de 40 a 50 pieds/ha, il assure gratuitement une fertilisation equiva-
lant a un serieux apport d'engrais, devenu aujourd'hui presque inaccessible vu son prix. Ailleurs
ce sont les karite et nere. manguiers et baobabs, qui foumissent des fruits, des feuilles protei'ques,
des corps gras et des fibres, et mille substances medicinales ou utilitaires. Des pares arbores qui
font aussi large place aux arbustes en haies, defensives et productives.
Les rotations forestieres tropicales. Le livre d'Hugues Dupriez « Agriculture troptcale en
milieu paysan africain » 3 est une grande premiere : e'est la premiere fois que sont decrites comme
facteurs de vrai developpement les associations de cultures pratiquees par les paysans africains.
Cet agronome beige, au cours de multiples sejours tropicaux, des zones seches aux regions humi-
des, a montre, chiffres a l'appui, que les associations de cultures annuelles et perennes ont une
production globale superieure a celles que produiraient ensemble chaque plante cultivee a l'etat
pur. Des associations « dans l'espace » : plusieurs etages de plantes telles que cafeier, cacaoyer,
bananier, manioc, macabo, courges... Et des associations « dans le temps » : non pas tant une suc-
cession de cultures, que des cultures qui se relaient progressivement et couvrent le sol en perma-
nence. Des courges occupent le sol apres brulis, puis mais et haricots, dont emergent bientot
manioc et bananiers. La culture annuelle cede progressivement la place aux perennes, avec retour
eventuel a la foret qui repose le sol.
Bref, il suffit d'observer les systemes agraires de nombreux pays pour y decouvrir quantite
d'exemples de « permaculture », cette association harmonieuse de l'agriculture, de la sylviculture,
de l'elevage et de l'horticulure.
Mais est-ce bien cela, la permaculture ? Le livre de Bill Mollison montre que cette notion
depasse largement un systeme d'agriculture : e'est une nouvelle vision de l'homme dans son milieu.
Que peut alors puiser l'agronomie moderne dans ce livre ?
On peut qualifier d'« agronomie moderne » celle qui s'averera capable de nourrir les hommes
de la planete, et de maniere durable. Ces hommes seront plus de 5 milliards dans 15 ans, sur des
sols qui, partout dans le monde, sont envoie d'erosion et de desertification ;
• culture sur brulis, surpaturage, utilisation du bois de feu, irrigation mal conduite et salini-
sation, sterilisent les pays tropicaux ;
• arasements de haies et talus, defrichements excessifs, labour de sols trop pentus, dissocia-
tion cultures-elevage, pollution nitrique et autres, degradent les sols et les nappes des regions tem-
perees. Degradations qui s'accompagnent d'une baisse de qualite des aliments et d'une surconsom-
mation d'energie.
Comment des lors ne pas trouver dans les principes de la permaculture des solutions a ces
problemes, dans les pays du Nord comme dans ceux du Sud !
Chez nous .
• retour a l'elevage associe aux cultures, avec meilleur recyclage des matieres organiques ;
• retour a la culture des legumineuses, notamment perennes (luzerne et trefle) ;
• maillage des champs ou groupes de champs en de nouveaux bocages plus productifs et
plus compatibles avec une mecanisation moderne mais sans gigantisme ;
• redecouverte de nouvelles formes d'agriculture et d'elevage pour les regions difficiles (ter-
rasses du Midi, regions montagneuses). Un imperatif si l'on veut eviter la desertification de ces
regions, les incendies, et la perte d'un precieux patrimoine.
Dans les pays du tiers monde, les situations sont tellement variees qu'il serait presomptueux
de recommander des solutions. Mais certaines sont si capitales qu'elles devraient partout
s'imposer ;
3. Hugues Dupriez, Agronomie tropicale en milieu paysan africain, Editions L'Harmattan.
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redonner a 1 arbre la pnonte, qu'il s'agisse de ceux qui poussent spontanement (ce sont les
plus nombreux) ou de ceux que l'on devra replanter, parmi les cultures ou en lignes brise-vent.
Leur contribution tous-azimuts (micro-climat, fertilisation, productions) est encore plus capitale
dans les sols tropicaux que dans ceux des regions temperees ;
• garder ou retrouver les principes des cultures associe'es, traditionnelles en Afrique, Elles
ont ete trop souvent demgrees par 1'agronomie dite moderne, ce qui ne veut pas dire qu'elles ne
puissent progresses se rationaliser ; H
• retrouver ou instaurer certaines formes d'association cultures-elevages, une association qui
le plus souvent ne vas pas de so. en Afrique, ou cultivateurs et eleveurs ne sont ni les memes hom-
mes ni les memes ethnies.
En conclusion, a l'heure ou l'agriculture industrielle, bien que productive, est souvent dans
auT^fL^T 116 ° U ecolo ^ Ue )' 1 °" J ce ^ des pays du tiers monde se developpe moins vite
Tunl J^ £ - SUr d6S $0l$ dC P1US en plus d6nud6s et st6riles - J amais les Principes
d une agriculture tntegree n'ont ete aussi necessaires.
N'est-ce pas d'abord cela, la permaculture ?
Dominique Soltner
Ingenieur E.S.A.
de ce'lim ° UVrageS d ' ensei S ne " i ent agricole de Dominique Soltner sont presentes a la Fin du catalogue qui figure a la fin
AVANT-PROPOS DE L'EDITEUR
Un mode de culture economisant le travail de t'homme et Venergie exterieure, obtenant beau-
coup de la nature sans la surexploiter, fournissant une grande variete d'aliments de qualite et de
produits utiles, convenant particulierement a Vautosuffisance mais applicable aux exploitations de
toutes tailles, autorisant le plus souvent une activite non agricole pendant les trois-quarts de la jour-
nee : voild les caracteristiques de la permaculture, tetles que ses initiateurs australiens et ses pion-
niers americains et europeens ont commence a la pratiquer.
On peut considerer la permaculture comme I'aboutissement de Vagriculture biologique : I 'idee
qu'une bonne agriculture doit etre un cas particulier des equilibres naturels, consciemment cree par
I'homme — un homme d'observation et d 'experimentation — se trouve ici parachevee. Et ce dialo-
gue entre I'homme et les facteurs naturels qu'il met en oeuvre est conduit avec beaucoup d'autono-
mie et de responsabilite.
Le permaculteur travaille d'abord pour lui ou pour alimenter un groupe tres proche, il ne vend
de surplus qu'aux villages et aux villes du voisinage. II est independant de bien des contraintes des
marches commerciaux, il est tres peu tributaire des traditionnels fournisseurs de Vagriculture. II
echange des sentences — qu'il peut facilement faire venir de loin — plutot que des produits.
II fait des economies considerables et se trouve, grace d Vagro-sylvi-polyculture et aux elevages
associes, grace au mulching, grace a la « gestion des mauvaises herbes », bien mieux protege des
aleas climatiques, des maladies et des attaques des nuisibles que Vagriculture classique. II bonifie
considerablement son terrain.
Comment s'y prend-t-il ?
Bill Mollison, recapitulant in fine les principes de la permaculture, nous livre I 'idee maitresse :
avant mime d'etre ecologique, le concept de base de la permaculture est spatial : il faut penser
d'abord en termes de zone, secteur, angle, elevation. La premiere chose a jaire est d'utiliser au
mieux Venergie gratuite du soleil: la permaculture est avant tout une agriculture de la photosyn-
these. D'ou le souci de superposer aussi souvent que possible 2 ou 3 etages de vegetation, de maniere
a optimiser I'utilisation des radiations solaires disponibles sur une surface donnee. D'ou le choix
minutieux de Vimplantation des arbres, des arbustes et des plantes en fonction de leur dimension,
de leur port, de leur type de feuillage, de la pente du terrain, de Velevation du soleil aux differentes
saisons, de la lumiere reflechie par des pieces d'eau ou par des murs.
Le deuxieme principe est de privilegier les plantes perennes et celles qui se resement d'elles-
memes. Les associations optimales de plantes sont determinees par {'experience.
Le troisieme principe est d'associer toutes sortes d'animaux a la ferme, sans oublier les pois-
sons, et de leur assigner des secteurs et des parcours precis — tous ces animaux prelevant presque
toufours leur nourriture en libre service.
Variete et complexity sont done des caracteristiques de la permaculture, ou chaque element
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vegetal ou animal doit etre apte a accomplir plus d'une fonction, et ou chaque fonction doit pouvoir
etre accomplie par plusieurs elements. II faut dire aussi que la permaculture ajoute opportunement
les notions de volume (plusieurs etages de vegetation) et de temps (evolution vers la stabilite) aux
conceptions lineaires et a court terme de 1'agriculture actuelle.
II resulte de tout ceci, apres un amenagement initial du site qui pent demander un serieux tra-
vail et quelques depenses, une situation tres enviable :
• Un systeme en equilibre, c'est-d-dire energetiquement autonome, non pas fige, mais evoluant
lentement, sous {'influence de I'homme, vers un nouveau climax plus performant.
• Un mode d 'exploitation reclamant tres pen de temps, sous reserve qu'il faut toujours s'appli-
quer a observer, controler et corriger.
• Un systeme assurant non seulement des aliments d'une grande valeur dietetique, mais de
nombreuses substances utiles: hois, residus organiques, matieres premieres diverses.
Tout en s'apparentant a certaines agricultures traditionneltes (de Tasmanie, d'Amerique du
Sud, d'Afrique, d'Extreme Orient... et d'Europe), la permaculture est aussi, paradox alement (?) une
methode qui seduit de nombreux intetlectuels, par Vampleur de {'information qu'elle suppose — en
particulier sur les caracteristiques et les possibilites de nombreuses especes de plantes et d'animaux
— et par la reflexion et la planification trgs precises qu'elle reclame lors de son installation.
Ainsi, les economistes constatent que le LER (land equivalent ratio) de la permaculture est tou-
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