[PDF]LE CATÉCHISME KIKONGO DE 1624

[PDF]LE CATECHISME KIKONGODE 1624réédition critiquePARFrançois BONTINCK, c.i.c.m.Correspondant de l’Académieavec la collaboration deD. NDEMBE NSASI, c.i.c.m.

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Académie royale des Sciences d'Outre-Mer
Classe des Sciences Morales et Politiques, NS, XLIV-5, Bruxelles, 1978


LE CATÉCHISME KIKONGO
DE 1624
réédition critique


François BONTINCK, c.i.c.m.


Correspondant de l’Académie


avec la collaboration de


D. NDEMBE NSASL ci.c.m.


1000 F


Koninklijke Academie voor Overzeese Wetenschappen
Klasse voor Morele en Politieke Wetenschappen, N.R., XLIV-5, Brussel, 1978


Académie royale des Sciences d'Outre-Mer
Classe des Sciences Morales et Politiques, N.S., XLIV-5, Bruxelles, 1978


LE CATÉCHISME KIKONGO
DE 1624


réédition critique
PAR


François BONTINCK, ci.c.m.


Correspondant de l’Académie


avec la collaboration de


D. NDEMBE NSASL, ci.c.m.


Koninklijke Academie voor Overzeese Wetenschappen
Klasse voor Morele en Politieke Wetenschappen, N.R., XLIV-5, Brussel, 1978


Mémoire présenté à la Séance du 18 novembre 1975


D/1978/0149/1


DOVTRINA CHRISTAA.


Compoftaptlo P. Marcos lorge da Compa-
nhia de LES V Doutor em Theologia-


Acrefcent «da pelo Padre Ignacio Martinx da mefma
Companbis Dexter Theologe,


De nouo traduzida na lingoa do Reyno de Congo,
por ordem do P.Mattheus Cardoio Theologo,
da Companhia de I ES V.


40 illufirifime S. D. Miguel de Cafiro, Arcebipe Me-
tropolitano defla cidade de Lisboa.


Com todas as licenças neceffirias.


a
LISBOA. Por Geralao da Vinha, 1624.


Frontispice de la Doctrine Chrétienne.


RÉSUMÉ


Le catéchisme kikongo, augmenté de prières et d'entretiens
spirituels, publié à Lisbonne, en 1624, par M. Cardoso, S.]. a été
salué, il y a déjà quarante ans, comme « une œuvre historique ».
En effet, vieux de trois siècles et demi, il présente un intérêt
unique à la fois pour la linguistique, la théologie et l'histoire
doctrinale africaines.

Offrant un texte continu, ce premier livre bantou (conservé)
nous informe sur la prononciation du kikongo de Säo Salvador
par l'emploi de signes diacritiques (le tréma, l'accent circon-
flexe) et par la division des mots, presque parfaitement conjonc-
tive. Traduction d'un texte portugais la plus littérale possible,
son style est parfois artificiel et non idiomatique, mais sa
grammaire paraît sans défaut.

Audacieusement, le traducteur a introduit dans le vocabulaire
chrétien un nombre important de termes bantous qui s'y sont
maintenus jusqu'à présent.

Malgré une deuxième « édition » de 1650, le catéchisme du
P. Cardoso est devenu extrêmement rare. Nous en reproduisons
le texte original de 1624, tout en l’enrichissant d’une traduction
française et d’une transcription en orthographe actuelle.

En plus, dans une introduction assez développée, l’auteur et
son œuvre ont été replacés dans leur contexte historique. Un
index de la terminologie chrétienne kikongo facilitera des
recherches linguistiques et théologiques ultérieures.


SAMENVATTING


De kikongo catechismus door M. Cardoso, S.J. in 1624 te Lis-
sabon uitgegeven is het oudste (bewaarde) bantu-boek. Deze
doorlopende tekst in kikongo van Säo Salvador, hoofdstad van


4 LE CATÉCHISME KIKONGO DE 1624


het oude Kongo-rijk, is zeer waardevol voor de Afrikaanse taal-
kunde; de vertaler heeft gestreefd naar een volmaakte spraak-
kundige vorm en heeft meteen de uitspraak en de woordkoppe-
ling aangeduid.

Niet minder belangrijk is dit werk voor de studie der christe-
lijke terminologie: in plaats van de Latijnse of Portugese termen
gewoon over te nemen — mits een eventuele kikongo-isatie, heeft
P. Cardoso stoutmoedig aan de bestaande woordenschat termen
ontleend die een nieuwe leerstellige inhoud zouden krijgen.

Ondanks een tweede ,uitgave” in 1650, is het werk van
P. Cardoso praktisch onvindbaar geworden. Een kritische heruit-
gave was dus zeer wenselijk. Deze bevat naast de oorspronkelijke
tekst (Portugees-kikongo), een Franse vertaling en een nieuwe
schrijfwijze van het kikongo volgens de huidige criteria.

Een uitgebreide inleiding herplaatst het werk in zijn historisch
kader en schetst zijn invloed op latere publikaties. Een lijst der
christelijke kikongo termen zal verdere studies vergemakkelijken
aan Afrikaanse theologen en taalkundigen.


AVANT-PROPOS


La Doctrine chrétienne, publiée à Lisbonne, en 1624, par le
P. Mattheus Cardoso, S.J., constitue le premier livre en langue
bantoue parvenu jusqu'à nous. Sans doute, déjà en 1556, le
Récollet portugais Gaspar da Conceipçäo fit imprimer à Evora
une Cartilha de Doutrina christä em lingoa do Congo, mais jus-
qu'à présent aucun exemplaire n'en a été découvert. Dans les
relations sur l'Ancien Royaume de Congo, antérieures à 1624, se
rencontrent certaines expressions religieuses kikongo, mais
celles-ci sont extrêmement rares.

La Doctrine chrétienne du P. Cardoso n'a survécu qu'en quel-
ques exemplaires. L'extrême rareté de ce long texte kikongo, si
précieux pour la linguistique africaine, justifierait à elle seule
une réédition. Son ancienneté — trois siècles et demi —, permet-
tant des études comparatives des plus fructueuses, fournit un
deuxième motif non moins décisif. Ajoutons encore que ce texte,
grammaticalement parfait, fut édité avec un soin remarquable:
en plus des quatre erreurs typographiques signalées à la fin du
livre, nous n'avons pu en découvrir qu'un nombre assez restreint:
une dizaine.

Le catéchisme kikongo présente, en outre, un grand intérêt
pour l’histoire doctrinale du Christianisme en Afrique centrale;
en effet, il nous permet d'examiner comment les pionniers de
l'évangélisation de l'Ancien Congo ont essayé de résoudre le déli-
cat problème de la terminologie chrétienne. Pour exprimer les
concepts essentiels du dogme et de la morale, les missionnaires
pouvaient soit conserver les termes latins ou portugais existants,
tout en les kikongo-isant quelque peu, soit emprunter au vocabu-
laire local les termes les plus aptes à véhiculer une nouvelle
signification. Le P. Cardoso était conscient du problème. Dans
son « Prologue au lecteur », il se sent obligé de justifier l'emploi
de certains termes occidentaux (crwz, Spirito Santo); s'il adopte
ces termes, c'est parce que les mots kikongo plus ou moins équi-
valents (iguetequelo, iketekelo; Monho Auquissi, Monyo a ukisi)


6 LE CATÉCHISME KIKONGO DE 1624


lui semblent «ne pas bien rendre la nature et la propriété des
choses ». Ailleurs, il préfère résolument des termes kikongo et,
par exemple, désigne les Sacrements du vocable Maote. En étu-
diant la terminologie chrétienne de la Doctrine, on remonte
apparemment à l’origine d’un nombre impressionnant de termes
en usage dans l'actuelle catéchèse kikongo. Celle-ci pourtant n'a
pas retenu certains termes utilisés par le P. Cardoso, p.ex. antu
atatu, pour désigner les trois Personnes de la Trinité.

Une simple réédition anastatique (reprint) de la Doctrine,
même précédée d’une nouvelle introduction, nous a paru moins
utile. En effet, l'édition de 1624 présente le texte portugais d'un
catéchisme antérieur, accompagné d’une traduction kikongo inter-
linéaire, de sorte qu'exactement en-dessous des mots portugais
se retrouvent les termes kikongo correspondants. Pour obtenir
cette parfaite correspondance, l'éditeur a souvent introduit de
grands interstices entre les mots portugais et a même fréquem-
ment changé leur ordre grammatical; p.ex. au lieu de: em hum
alto lugar, il a mis: em lugar hum alto, pour que sous cette
expression puisse se mettre l'équivalent kikongo: bunfulu imoci
issangamini. C'est donc le kikongo qui a déterminé l'emplace-
ment et l’ordre (artificiel) du portugais. D'autre part, deux ou
plusieurs mots kikongo qui logiquement pourraient être séparés,
sont le plus souvent soudés les uns aux autres pour indiquer leur
liaison grammaticale et leur union dans la prononciation. Cette
disposition typographique suppose de la part du lecteur une bon-
ne connaissance tant du portugais que du kikongo; elle rendait
donc une réédition anastatique moins opportune. En plus, le
kikongo est écrit dans une orthographe à laquelle le lecteur non-
portugais n'est pas habitué; ainsi on a p.ex. gwiacusuca pour kia
kusuka; monho pour monyo; mulongui pour mulongi, etc.

Il nous a donc paru souhaitable de donner le texte kikongo
aussi dans la graphie généralement admise de nos jours et d'y
introduire les coupures requises. A l'usage des lecteurs moins
familiarisés avec le portugais, nous avons ajouté une version
française; en cas de (légères) divergences, notre traduction suit
davantage le kikongo que le portugais; ainsi p.ex. dans les ques-
tions du catéchisme, le texte portugais utilise la 2° personne du
pluriel (dizei vos, menino: dites, vous, enfant), alors que le


LE CATÉCHISME KIKONGO DE 1624 7


kikongo utilise la 2° personne du singulier; dans notre version
française, le Maître tutoie le Disciple.


Le texte de base portugais a été fidèlement reproduit, cepen-
dant nous avons, le plus possible, rétabli l'ordre grammatical
normal; dans certains cas nous avons remplacé le par un v:
palauras devient palavras; les abréviations et les nasalisations
étaient indiquées d'un même signe, le tilde; nous avons complété
les abréviations (4/gäa devient 4/guma; q. devient quem) et con-
servé le tilde là où il le fallait (coraçäo); la ponctuation a été
occasionnellement changée d’après l'ordre grammatical norma-
lisé.

Le texte kikongo ancien a été intégralement respecté; quant à
l'orthographe actuelle, nous avons suivi les règles énoncées /
extenso dans la Notice linguistique (cfr infra).


L'ensemble de notre réédition se présente donc comme suit:
sur les pages de droite, on lira le texte original des questions et
des réponses, précédées chacune de l’abréviation M. (m#estre,
maître) et D. (discipulo, élève), d'abord en portugais, ensuite en
kikongo; sur les pages de gauche, nous donnons la traduction
française et la graphie « moderne » du kikongo. Les quatre textes
étant corrélatifs, le lecteur pourra facilement faire d'éventuelles
vérifications.

A l'intérieur des douze chapitres du catéchisme proprement
dit, nous avons numéroté chaque question et réponse d’un seul
chiffre arabe. Nous n'avons pas repris les chapitres XIII et XIV
qui reproduisent, uniquement en latin, l'Ordre de servir la Messe
et quelques prières usuelles. Les « Entretiens spirituels » qui sui-
vent, ont été numérotés par nous comme des chapitres (XV-
XXII) et pourvus de subdivisions précédées de chiffres arabes.
Le chapitre XX qui contient, uniquement en latin, les litanies de
tous les saints, a été omis.

Le catéchisme portugais-kikongo de 1624 est précédé de qua-
tre folios en portugais; ces « préliminaires » donnent le titre du
livre, les autorisations d'impression et de diffusion délivrées par
les censeurs ecclésiastiques et civils, une dédicace à l’archevé-
que de Lisbonne ou au roi de Congo, et un « prologue au lec-
teur ». Nous présentons d’abord une traduction française de ces
pages; suit alors notre introduction générale. Nous avons adopté


8 LE CATÉCHISME KIKONGO DE 1624


cet ordre pour des raisons pratiques; en effet, notre propre intro-
duction se réfère souvent à ces préliminaires du P. Cardoso.

A partir d'une première transposition de l’ancienne graphie
portugaise du texte kikongo, faite par nous, le P. Ndembe Nsasi,
licencié en linguistique africaine, a mis au point l'orthographe
moderne, après une lecture critique du texte original. La Notice
linguistique (pp. 45 - 53) est également de sa main. Nous remer-
cions bien cordialement notre confrère de cette indispensable
collaboration.

Nous exprimons notre sincère gratitude au Prof. J. Castro
Segovia qui nous a procuré un microfilm de la Doctrine, conser-
vée à la Bibliothèque nationale de Lisbonne, ainsi qu'au Prof.
C. Piazza, qui nous a envoyé une photocopie des prières kikongo
transcrites par le capucin Giuseppe da Modena au début du
XVIII siècle.

L'éminent bibliographe, Francisco Leite de Faria, O.F.M. Cap.
nous a fourni plusieurs renseignements: nous l’en remercions res-
pectueusement. De même, nous exprimons volontiers toute notre
reconnaissance au P. F.J. Leroy, S.J., qui a bien voulu revoir
notre traduction française.


Kinshasa, Faculté de Théologie catholique,
15 octobre 1975.


PRELIMINAIRES DE LA DOUTRINA


IL. TITRE
DOUTRINA CHRISTAÀ (1)


Composta pelo P. Marcos lorge da Companhia de Iesu Doutor
em Theologia.


Acrescentada pelo Padre Ignacio Martinz, da mesma Compan-
hia Doutor Theologo.

De novo traduzida na lingoa do Reyno de Congo, por ordem
do P. Mattheus Cardoso Theologo, da Companhia de Iesu (2).

Ao illustrissimo S.D. Miguel de Castro, arcebispo Metropoli-
tano desta cidade de Lisboa.

Com todas as licenças necessarias.
Lisboa. Por Geraldo da Vinha, 1624.


DOCTRINE CHRÉTIENNE


Composée par le P. Marcos Jorge, de la Compagnie de Jésus,
Docteur en Théologie.

Augmentée par le P. Ignacio Martinz, de la même Compagnie,
Docteur Théologien.

A présent traduite dans la langue du Royaume de Congo, (édi-
tée) par ordre du P. Mattheus Cardoso, Théologien, de la
Compagnie de Jésus (3).


(1) Selon C.M. Doke, Early Bantu Literature, dans Bantu Studies, IX (1935),
p. 88, n. 2. Christaä est une erreur typographique pour Christäa. Nous croyons
qu'il s’agit plutôt d'une variante, l'orthographe portugaise n'étant pas encore
définitivement fixée à cette époque; en effet, dans les « Autorisations», on
rencontre cinq fois l'orthographe christaä, tandis que dans le catéchisme on a
aussi christäa (VIII, 20). On constate une même variation pour: #emhaä (XV, 4)
et manhäa (XV, 1; XIX, 1).

(2) Les exemplaires dédiés au roi de Congo ajoutent ici: natural da cidade
de Lisboa (natif de la ville de Lisbonne). Ces exemplaires portent la dédicace:
Ao muito poderoso e catholico Rey de Congo Dom Pedro Affonso segundo deste
nome (au très puissant et catholique roi de Congo, Dom Pedro Afonso, deuxième
de ce nom).

(3) Actuellement, de novo signifie: encore une fois; dans le passé, cette
expression était l'équivalent de: pour la première fois, de nouveau, récemment,
maintenant même. Tenant compte du contexte (composta, acrescentada, traduzida),


10 LE CATÉCHISME KIKONGO DE 1624


Au très illustre Seigneur Dom Miguel de Castro, archevêque
métropolitain de la ville de Lisbonne.

Avec toutes les autorisations nécessaires.

Lisbonne, chez Geraldo da Vinha, 1624.


II. AUTORISATIONS (4)


1. J'ai vu cette Doctrine chrétienne en langue de Congo et en
portugais; elle ne contient aucune chose de nature à empêcher
son impression; au contraire, elle sera très utile au royaume de
Congo. Lisbonne, en cette maison de S. Roch, de la Compagnie
de Jésus.

6 novembre 1623.
D. Jorge Cabral.

2. Qu'elle s'imprime. L'Evêque Inquisiteur général.

3. La Doctrine chrétienne dans la langue de Congo et en
portugais peut s'imprimer.

Lisbonne, 15 novembre 1623.
Viegas.

4. La Doctrine chrétienne dans la langue de Congo et en
portugais peut s'imprimer, vu les autorisations obtenues du
Saint-Office et de l'Ordinaire, mais elle ne sera pas mise en cir-
culation sans d’abord revenir à ce Département pour être taxée.
8 janvier 1624.

V. Caldeyra, D. de Mello.

5. Moi, Pero Novaes, Provincial de la Compagnie de Jésus au
Portugal, par commission particulière obtenue à cet effet du Très
Révérend Père Mutio Vitelleschi, notre Préposé Général, j'ai
donné l'autorisation d'imprimer la Doctrine chrétienne, compo-
sée par le P. Marcos Jorge, Docteur en Théologie, de la Compa-
>>>

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